L’Arésien Jean-Baptiste Ducamin n’est pas un marin « classique ». A 24 ans, celui qui vient de terminer cinquième avec la Team France Jeune à la Red Bull Youth America’s cup aux Bermudes, ne navigue pas sur des voiliers que tout le monde connaît, il vole… Portrait
Sur un bateau depuis l’âge de six ans, Jean-Baptiste Ducamin est un enfant de la région. Originaire d’Arès, c’est au Club Nautique de sa ville qu’il a fait ses premiers pas dans sa discipline qu’est la voile, avant de rejoindre le club de Claouey. Mais c’est à La Rochelle que sa carrière a décollé. Pour passer son baccalauréat scientifique, l’Arésien part en sport études et continue les compétitions en parallèle, nationales et internationales : premier au classement national fédéral, 7ème au championnat du monde jeune, vice-champion d’Europe des moins de 21 ans et 3ème au championnat d’Europe séniors. Ducamin découvre là-bas la voile en laser radial, un bateau solitaire monotype et profite de l’encadrement pour assurer ses études : « quand j’étais en sport études, on était très bien encadrés. On était suivis de près par les entraîneurs et tirés vers le haut. » Aujourd’hui, son sport ne lui permet pas de subvenir à ses besoins, c’est pour cela qu’il continue toujours les études : « maintenant, je suis en master entrepreneuriat à l’INSEEC de Bordeaux et j’ai des arrangements pour aménager mon emploi du temps quand c’est nécessaire. » Parfois, il rentre sur le Bassin et en profite pour aller saluer ses anciens clubs d’Arès et Claouey : « je vais voir les entraînements et les jeunes qui évoluent. Je donne des conseils aux jeunes, à qui j’accorde un intérêt particulier, je réponds à leurs questions, mais aussi à celles des parents. J’aime beaucoup aller faire du surf aussi. » Mais là où il se sent le mieux, c’est sur son bateau monoplace. Quand il a du temps libre, il s’entraîne et profite du cadre de sa région : « naviguer entre la Dune du Pilat et le banc d’Arguin, c’est magnifique ! »
« La Red Bull Youth America’s cup, c’était une expérience incroyable »
Préparation pour les JO et intégration de la Team France Jeune
A 18 ans, Jean-Baptiste Ducamin passe dans la catégorie séniors, en laser standard, un bateau avec la même coque qu’en laser radial, mais avec une voile plus grande. Ainsi, il est membre du dispositif France Jeune Olympique et prépare les JO de Rio 2016. Non qualifié, il se reconvertit alors en match racing, un duel entre deux bateaux à l’image d’un jeu d’échecs. Vice-champion de France Espoir en 2013, puis champion de France Espoir en 2014, il intègre également le top 15 mondial et rejoint la Team France Jeune, une équipe de jeunes marins (18-24 ans). Désormais professionnel, il prépare avec cette équipe un événement sportif majeur et mondial : la Red Bull Youth America’s cup, qui s’est tenue aux Bermudes en juin 2017. Malgré une cinquième place, Ducamin en garde un très bon souvenir. « C’était un gros événement, avec la médiatisation autour, un événement international, se souvient-il. C’était une expérience incroyable, après un an de préparation intense. C’était très enrichissant. »
Cela a aussi été l’occasion pour lui de naviguer sur un bateau… volant ! Au poste de rakeur sur ce bateau atypique, Ducamin est en charge de régler le foil, une aile qui se déplace dans l’eau, afin de faire voler la structure. A bord de ce type de bateau qu’il n’a depuis plus jamais quitté, il voyage aux quatre coins du monde. Des expériences plus que bénéfiques pour un marin de 24 ans. « C’est ce que je dis souvent aux gens que je rencontre, j‘ai grandi un peu plus vite que des personnes normales, reconnaît-il. J’ai grandi avec toutes ces compétitions, ces années, ces déplacements. On a une certaine ouverture d’esprit aussi, on va dans des endroits où on ne serait jamais allé, on rencontre des gens extraordinaires. Ça accélère la croissance et on est autonome plus jeune. » En cette période hivernale, il est temps de préparer la prochaine saison, avec notamment beaucoup de préparation physique, nécessaire pour son poste : « le poste que j’occupe est très physique, il faut être explosif, puissant et on est exposés au danger, les bateaux peuvent faire des points à 80 km/h. Physiquement, il faut être préparé. » En attendant les premières navigations qui reprendront à partir du mois de février, Jean-Baptiste Ducamin va prochainement faire le tour de France à la voile.