Arrivé dans la région il y a un an, Steve Savidan est devenu un habitué des rues bordelaises. Depuis qu’il a quitté son restaurant à Angers, l’ancien footballeur professionnel est venu s’installer en Nouvelle-Aquitaine, où il est en poste au sein de la Ligue de Football Nouvelle-Aquitaine (LFNA) et au club de football du Stade Bordelais. Mais à partir de la saison prochaine, « Savigoal » prendra les rênes d’une équipe première, celle du FC Bassin d’Arcachon. ARCACOM est parti à sa rencontre
« Il y a le cadre général, mais il y a aussi le cadre de travail. Là, le cadre de travail est agréable, c’est primordial »
Depuis quand avez-vous l’ambition d’entraîner une équipe première ?
Depuis toujours ! Mais je voulais d’abord finir mon cursus d’entraîneur, avoir tous les diplômes, parce que ça permet d’avoir plus d’outils et d’armes pour postuler, avoir un peu plus de crédibilité, car la crédibilité d’ancien joueur ne suffit pas. Et ce qui est un paradoxe, c’est qu’on a moins de crédibilité dans le monde amateur, que dans le monde professionnel. Je voulais trouver le bon projet, qui me colle et je ne voulais pas descendre en-dessous d’un certain niveau. Donc tout était lié à Arcachon.
Pourquoi le FCBA justement ?
Forcément, les gens disent que l’endroit est super sympa, mais quand tu y bosses, il faut aussi de bonnes conditions de travail. S’il n’y a pas de bonnes infrastructures d’entraînement, de match, au final, ce n’est pas super sympa. Il y a le cadre général, mais il y a aussi le cadre de travail. Là, le cadre de travail est agréable, c’est primordial. Après, j’ai des amis qui sont au club, des anciens joueurs et au travers de certaines discussions, ça s’est fait naturellement.
Vous étiez jusqu’ici entraîneur des U16 et des attaquants de l’équipe première du Stade Bordelais, qu’est-ce que cette expérience vous a appris ?
Avant cela, j’étais aussi adjoint en Régional 1 (sixième division française) et entraîneur des U19 (moins de 19 ans) au SC Beaucouzé, près d’Angers. Là, ce sera ma première expérience en numéro 1. Mais je suis toujours en apprentissage permanent. J’ai certaines certitudes qui évoluent, mais au Stade Bordelais, j’ai pu découvrir le niveau National 2 (quatrième division). Alex Torres (entraîneur du Stade Bordelais), qui est un très bon formateur et entraîneur, je l’ai surtout regardé, écouté, pour voir ce qu’il faisait. Ça m’a aussi permis de voir comment les clubs amateurs fonctionnent en Nouvelle-Aquitaine et en Gironde.
C’est un peu la suite logique des choses de prendre une équipe première ?
La suite logique des choses, c’est d’être numéro 2 et de passer numéro 1 d’une équipe. Mais je ne suis pas forcément comme ça, alors je change de club. A un moment donné, tu as envie de ça. Mais tout le monde n’a pas envie d’être numéro 1. Moi qui viens de la restauration, j’ai appris qu’un numéro 2 ne faisait pas forcément un bon numéro 1, et inversement. C’est une question de caractère et de volonté.
« Je suis toujours en apprentissage permanent »
Quelle(s) relation(s), quel(s) lien(s) avez-vous avec le Bassin d’Arcachon ?
Aucune. Déjà, je n’ai aucune relation avec Bordeaux, à part le travail. Je n’ai pas spécialement d’ancrage. Je découvre ici, j’arrive sans a priori et sans certitudes. Les relations que j’ai sont amicales, mais sinon aucune.
On vous a vu sur les réseaux sociaux faire quelques parties de golf à Gujan-Mestras, y allez-vous souvent ?
Je joue au golf depuis longtemps et j’ai un ami avec qui je travaille à la Ligue, Philippe Lanneau, qui est directeur des formations, qui m’a fait découvrir le golf ici. C’est vrai que ça arrive de faire des parties ici. Et puis maintenant, peut-être que j’irais plus souvent, surtout que j’avais déjà pris ma licence là-bas avant de signer au FCBA. Ça va se faire naturellement d’aller jouer là-bas.
Bjr les #zamis 7h j’ai 1🥔 et vous? Matériel✅ #letsgo #golf @GOLFGUJAN #tjrsautaquet pic.twitter.com/JGAk6JSfBx
— SavidanSteveoff (@SAVIDANSTEVE) 29 décembre 2017
Qu’aimez-vous faire sur le Bassin à part le golf ?
Forcément, le Bassin c’est un cadre idéal pour y passer du temps en famille. Pour l’instant, pour ma première année à Bordeaux, je ne suis pas forcément beaucoup allé sur le Bassin. Après, Bordeaux est connu dans le monde entier, Arcachon aussi, le Bassin est un pôle attractif tout simplement magnifique. Ce que j’aime bien ce sont les restaurants en terrasse, les paillottes.
Pourquoi venir dans cette région, alors que votre carrière ne vous a pas amené à jouer ici (ex Angers, Châteauroux, Ajaccio, Beauvais, Angoulême, Valenciennes et Caen) ?
C’est très simple au final. C’est le président de la LFNA, Saïd Ennjimi qui m’a proposé un poste ici. D’abord de le rejoindre, puis de faire des formations en interne au niveau de la Ligue, sur les formations diplômantes pour les jeunes entraîneurs. Le projet était très intéressant.
Quel est votre rôle au sein de la LFNA ?
Je suis conseiller technique du président, de façon bénévole. Après, je suis formateur occasionnel pour les BEF (Brevet d’Entraîneur de Football) et BMF (Brevet de Moniteur de Football). Je fais aussi partie d’un pôle de travail sur les sélections de jeunes U14 (moins de 14 ans) et U15 (moins de 15 ans) de la Nouvelle-Aquitaine.
Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux, quel potentiel y voyez-vous ?
Le potentiel il est multiple. Il est d’abord de pouvoir échanger. Ce que j’aime bien avec Twitter, parce que je ne suis que sur Twitter, c’est que c’est une communication directe. Quand j’essaie d’orienter des gens qui sont à la recherche d’un réseau social, je dis que c’est comme un fil d’actualité. Après, c’est partager des moments de vie, des moments sympas, puis avoir des interactions au niveau du réseautage professionnel. Parce qu’au travers de la viralité du réseau social, il y a forcément un potentiel professionnel qui est extraordinaire. Il ne s’agit pas de faire un simple tweet, il y a une stratégie numérique à aborder derrière.
Les #zamis je suis fier de vous annoncer que je serai le #coach pour la prochaine saison du @FCBA_ @LigueFootballNA #arcachon #LFNA pic.twitter.com/ma3d6z5cCj
— SavidanSteveoff (@SAVIDANSTEVE) 16 mai 2018
Que pensez-vous de l’usage des réseaux sociaux aujourd’hui dans le football et plus généralement dans le sport ?
Quand j’étais footballeur, ça n’existait pas trop. Je m’étais toujours un peu opposé à ça, parce que ce n’était pas forcément d’actualité à l’époque. Maintenant, c’est vrai que ça l’est beaucoup plus. Ce que j’aime, c’est qu’il n’y a plus de filtre. Le filtre médiatique, journalistique, n’existe pratiquement plus et on est maître de sa communication directe. Après, c’est un piège, parce que ne pas l’avoir, ça permet d’avoir une certaine autonomie et d’être uniquement sur du privé. Mais l’avoir, on est aussi exposé. C’est un outil à connaître et à maîtriser quand on a des responsabilités. Dans sa communication, il faut faire des formations, c’est ce que j’ai fait.
En tant qu’ancien joueur professionnel, vous avez pu constater l’évolution de l’importance des réseaux sociaux dans le football, quel œil avez-vous sur cela ?
Aujourd’hui, la communication est gérée par des community manager (CM) pour la plupart des footballeurs, ou alors on voit très bien que ce sont les joueurs qui les gèrent eux-mêmes. Mais ce qu’il faut, c’est que ce soit vrai, honnête, pour que ce soit le plus pertinent possible. Je trouve que mettre à disposition sa communication, c’est intéressant et ça casse pas mal de codes, comme la distance entre un supporter et le joueur de football.
« Dans sa communication, il faut faire des formations, c’est ce que j’ai fait. »
Que pensez-vous de la communication des sportifs aujourd’hui ?
Je trouve que c’est super intéressant. Le footballeur dans sa pensée est un homme et son corps est un objet marketing. Donc il est exposé et l’outil réseau social fait partie de sa stratégie de carrière. Un joueur qui utilise très bien les réseaux sociaux a un peu plus de pertinence.
Donnez-vous des conseils de communication aux jeunes footballeurs que vous croisez ?
Je pense que c’est un peu comme le foot. Si tu fais un bon cycle de formation, tu auras de meilleurs outils pour être dans le milieu professionnel. Les réseaux sociaux c’est un peu pareil, on ne peut pas se lancer comme ça, c’est la faune, la guerre un peu. Il faut le maîtriser et donc les formations sont importantes.
Quel est le pire post sur les réseaux sociaux d’un joueur que vous avez pu voir ?
Ce qui m’a choqué ce sont les joueurs des Girondins, Malcom, Otavio et Cafu, qui après une défaite au Matmut Atlantique (0-2 contre Caen le 16 janvier dernier) font une vidéo, sur le parking, avec leurs amis, plus ou moins en train de chanter. Ce sont de grosses erreurs de communication, voire de grosses erreurs en général. Je pense que si les réseaux sociaux n’existaient pas, ils auraient fait la même chose.
Selon vous, quel est un post idéal ?
Il faut qu’il y ait les bons mots-clés, il faut qu’on interpelle, qu’on pose une question. Après, soit on est adepte du gif, de la photo ou de la vidéo, mais en tout cas il faut que ce soit toujours de bonne qualité et que ce soit vrai. Il ne faut pas une image montée, avec un filtre, il faut « montrer ses cicatrices ». Les gens ont une indulgence quand c’est vrai.